Actualité scientifique: Le bokashi, un amendement organique efficace dans les projets de reboisements communautaires au Mexique

Actualité scientifique: Le bokashi, un amendement organique efficace dans les projets de reboisements communautaires au Mexique

Pablo Jaramillo-Lopez, chercheur à l'université de Mexico, ainsi que ses pairs ont présenté en 2014 une étude sur les effets du bokashi sur la survie et la croissance du Pinus psudostrobus (une variété de pin) dans les projets de reboisement au Mexique. Cette étude, publiée dans Journal of Environmental Management, se déroule dans un contexte particulier. 

En effet, au Mexique, la réserve de biosphère du papillon monarque (Monarch Butter Fly Biosphere Reserve) offre des conditions environnementales singulières à ces papillons. Cependant, celle-ci est menacée par la dégradation de l'environnement liée aux exploitations forestières et à l'extension de l'agriculture. Les autorités locales du Mexique ont alors décidé d'aborder cette problématique à travers de vastes programmes de reboisement communautaire, en particulier dans le village d'El Rincon, dans la réserve de biosphère du papillon monarque. 

Les atouts du bokashi dans le reboisement communautaire 

Les pratiques de reboisements communautaires sont de plus en plus utilisées pour la restauration des écosystèmes forestiers dans le monde. Dans certaines régions, il s'agirait d'une alternative aux reboisements massifs, qui dégraderaient les sols locaux tout en contribuant à l'introduction d'espèces non indigènes. Ainsi, les conditions du sol dans ces régions ne sont souvent pas propices à la croissance de plantes. Dans les pays en développement comme le Mexique, des plants d'origine locale sont utilisés dans ce type de projets, favorisant ainsi la participation des populations locales.

Le bokashi est fabriqué selon une technique japonaise où la matière organique est fermentée avec l'ajout des microorganismes efficaces. C'est un amendement organique qui peut être préparé localement, à très faible coût, et qui a pour but d'améliorer la qualité des zones déboisées où les sols ont été dégradés. 

Cette étude expérimente un reboisement communautaire, à petite échelle, où la provenance des semis de pin (locaux et commerciaux) et l'utilisation du Bokashi ont été utilisées et évaluées. Selon les auteurs, cette étude consiste à «?évaluer l'amendement organique Bokashi et son effet sur les taux de survie et de croissance des semis de Pinus pseudostrobus nouvellement plantés?», puis, de «?déterminer la différence de taux de survie et de croissance entre les semis de pin d'une pépinière locale et d'une pépinière commerciale plus éloignée?», et enfin de «?promouvoir la participation des membres de la communauté à la mise en place et au suivi des procès?».

Dans un premier temps, ces chercheurs ont démontré que «?l'amendement organique améliorait la concentration en éléments nutritifs, en particulier en ce qui concerne le Mg et le Ca. Dans le cas du Zn, l'application de Bokashi n'a pas atteint les niveaux recommandés, mais cela est préférable à un excès, car cet élément peut devenir toxique à des concentrations plus élevées?». De plus, ils affirment que les concentrations de métaux lourds (Cr, As, Se, Cd, Pb et Hg) dans les sols amendés étaient faibles. Il semble notamment que l'augmentation de la matière organique a permis aux semis de mieux résister aux chocs et au gel lors de la transplantation et que l'ajout de matière organique a augmenté la capacité de rétention d'eau du sol. Cela a alors permis d'améliorer la survie et la hauteur des semis de pins.

ARTICLE_16.PNG

Concentrations d'éléments (mg kg1) dans les échantillons de sol (n 1?4 8) de la parcelle expérimentale et dans le milieu d'amendement organique (Bokashi) comparées aux concentrations de référence provenant de la littérature

Par ailleurs, ils expliquent que «?les arbres de la pépinière locale plantés dans la parcelle expérimentale avaient un taux de survie plus élevé que leurs homologues produits commercialement?». Cela semble être justifié par le fait que les semis locaux soient déjà adaptés aux conditions microclimatiques alors que l'origine des semis produits commercialement n'est pas similaire au site expérimental. «?Les taux de survie élevés de notre expérience indiquent que les plants d'espèces indigènes produits dans les pépinières locales doivent être utilisés dans des projets de reforestation?», confirment alors les experts. 

Enfin, les scientifiques affirment que «?la foresterie communautaire semble être une stratégie idéale pour décentraliser le secteur forestier et permettre aux communautés locales de décider de la manière d'améliorer et de protéger leur environnement.?» En renforçant l'implication et la participation de la communauté, les membres de la communauté El Rincon sont devenus les gardiens de ce projet de reboisement et veillent à la protection de cet espace. Les membres de cette communauté sont désormais en mesure de surveiller les taux de survie et de croissance des forêts reboisées des arbres. 

Comme d'autres études sur le bokashi, celle-ci illustre une nouvelle fois les bienfaits du bokashi sur les sols et sur la croissance des plantes. Il est notamment important de prendre en considération l'implication des populations dans la protection de l'environnement en utilisant des moyens simple et peu coûteux à mettre en œuvre, comme le bokashi. 

Retour au blog