En France, les collectivités sont les garants de la gestion et de la valorisation des biodéchets. Pour ces institutions, il est primordial de mettre en place des solutions de tri à la source avant 2023. Gestion de proximité ou collecte séparée des biodéchets, les stratégies pour valoriser les biodéchets sont nombreuses.
La bonne gestion des biodéchets au quotidien est un élément indispensable à la lutte contre le gaspillage alimentaire et à la préservation de l'environnement. La loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 stipule qu'en 2025, tous citoyens devront avoir à leur disposition «une solution lui permettant de ne pas jeter ses biodéchets dans les ordures ménagères résiduelles». Les communes, les intercommunalités, les départements et les régions ont donc un rôle important dans la gestion et la valorisation des biodéchets en France.
En effet, selon l'ADEME, les collectivités «organisent les activités sur leur territoire et mettent en oeuvre des actions d'adaptation au changement climatique. Elles sont aussi les mieux placées pour mobiliser les acteurs locaux et favoriser leur évolution et leur comportement.» Afin de réduire les déchets par la prévention et la lutte contre le gaspillage alimentaire, les collectivités organisent le développement du tri à la source des biodéchets.
L'article L. 541-21-1 du Code de l'environnement de la loi sur la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire du 10 février 2020 prévoit qu'«Au plus tard le 31 décembre 2023, cette obligation [de tri à la source/collecte sélective et valorisation des biodéchets] s'applique à tous les producteurs ou détenteurs de biodéchets, y compris aux collectivités territoriales dans le cadre du service public de gestion des déchets et aux établissements privés et publics qui génèrent des biodéchets.»
Les collectivités doivent donc mettre en place un tri à la source par une gestion de proximité ou des collectes séparées. Ces solutions pour optimiser la gestion des biodéchets permettent de limiter la quantité de déchets organique dans les poubelles et le nombre de collectes par semaines. Les coûts liés au traitement des biodéchets seront alors réduits. Gestion de proximité ou de collecte séparée, voici les différentes stratégies (liste non exhaustive) que mettent en place les collectivités pour trier à la source.
Une gestion de proximité : installer un composteur collectif ou un composteur rotatif en bas d'immeubles
Au pied d'immeuble ou au sein d'un quartier qui possède un jardin partagé, il est possible de faire du compostage collectif.
Par exemple, en 2009, dans la commune de Besançon, des dispositifs de compostage collectifs tels que des composteurs au pied des immeubles ou des chalets de compostage ont été implantés.
Les chalets de compostages sont installés lorsqu'il n'y a pas la possibilité de mettre en place un composteur en bas d'immeubles ou par manque d'espaces verts. C'est une structure en bois qui contient des bacs et qui permet de valoriser environ 10 tonnes de biodéchets par an. Dans cette commune, seuls les habitants possédant un logement dans les immeubles alentour ont accès à ce dispositif par un code d'accès.
Les composteurs collectifs en bas d'immeubles sont mis en place lorsque la résidence possède un espace vert. Ce sont des petits bacs de 300 à 600 litres qui permettent de collecter les biodéchets pour les valoriser. Un composteur rotatif, un système qui permet de composter hors-sol, peut notamment être installé sur une dalle près de l'entrée de l'immeuble dans le cadre d'un compostage partagé.
Pour compléter l'utilisation des composteurs collectifs, les usagers se munissent d'un bioseau, une petite poubelle pour les déchets organiques. Tous les deux ou trois jours, il suffit de descendre le contenu du bioseau dans le composteur collectif en bas de l'immeuble, dans le composteur rotatif près de l'entrée du bâtiment ou dans le chalet de compostage. Pour mener à bien son projet, la commune de Besançon propose un bioseau gratuit aux habitants.
Installer un composteur de quartier lorsque celui-ci possède un jardin collectif ou des espaces verts
Les composteurs de quartier sont situés le plus souvent dans les jardins partagés, pour bénéficier immédiatement du compost produit dans un espace collectif. Les foyers à proximité déposent leurs déchets organiques dans le composteur de jardin à l'aide d'un bioseau. C'est ainsi que le mouvement participatif citoyen Les Incroyables Comestibles, avec le soutien des collectivités, a décidé d'installer des petits jardins et potagers partout en France. Par exemple, des bénévoles et des citoyens de Carrières-sur-Seine dans la région d'Île-de-France ont pu cultiver en 2018 un bon nombre de légumes, des fraises et des cerises dans les divers jardins qu'ils ont installés. Présents partout dans le monde, ils ont décidé de «promouvoir l'agriculture urbaine participative en invitant les citoyens à planter partout là où c'est possible et à mettre les récoltes en partage.»
Dans les quartiers équipés de telles structures, ce sont les habitants qui sont en charge de l'organisation de leurs jardins collectifs. Installer des composteurs de jardins permet alors aux habitants de se rassembler et de se responsabiliser autour de cet outil indispensable à la réussite du potager, le composteur de jardin collectif.
Proposer un composteur individuel aux usagers possédant un balcon, une terrasse ou un jardin
En 2017, selon l'INSEE, 52,9 millions d'habitants en France vivaient en ville. Cette part importante de la population n'a pas toujours accès à des solutions de compostage. Cependant sur ces territoires urbains, les collectivités proposent des composteurs individuels aux habitants dans le but de les sensibiliser au compostage et ainsi, de valoriser les biodéchets. En effet, composteur de cuisine, lombricomposteur ou composteur rotatif, sont des solutions qui permettent aux usagers de prendre en charge le tri de leurs biodéchets.
Les composteurs gratuits offerts par les mairies ou la distribution de petits composteurs, de lombricomposteur ou de composteur de jardin à des tarifs préférentiels, les collectivités emploient différentes stratégies pour permettre aux habitants des villes de valoriser les biodéchets. C'est le cas de la ville de Dijon qui, au début des années 2000, a proposé à ses habitants des composteurs individuels contre une caution. Au total, 11 442 composteurs individuels ont été distribués jusqu'en 2017. Afin de promouvoir le compostage individuel, la commune de Briançon elle, a préféré vendre des composteurs domestiques aux habitants.
La collecte séparée : la collecte des biodéchets par des organismes spécialisés
Les collectivités mettent en place des collectes spécifiques liées au ramassage des biodéchets. En effet, les collectivités peuvent utiliser des véhicules de ramassage des ordures bicompartimentées, qui permettent de collecter les biodéchets en plus des ordures ménagères résiduelles. Le département d'Ille-et-Vilaine en Bretagne a fait appel à un prestataire pour collecter les biodéchets. Celui-ci a aménagé le caisson des bennes pour limiter le débordement des jus issus des collectes.En parallèle de ces bennes de collecte des biodéchets, des collectivités installent des bornes d'apports volontaires dans les rues afin que les habitants de la commune puissent jeter leurs biodéchets dans des bornes spécifiques.
Cependant, la gestion séparée des biodéchets peut avoir des inconvénients. En effet, les bornes d'apports volontaires ne sont pas des composteurs mais sont des bacs qui recueillent les biodéchets, triés à l'avance, des habitants. La gestion de ces bornes peut être contraignante car elles peuvent faire l'objet d'incivilités si la population est mal informée sur les déchets organiques à composter. Par ailleurs, les bornes peuvent dégager des odeurs en particulier pendant les périodes chaudes et par conséquent constitueraient un vrai désagrément pour les habitants.
La mise en place d'un plan d'action par les collectivités pour mettre en place un tri à la source
Une collectivité peut avoir recours à divers outils pour réduire la production de biodéchets sur son territoire. Pour cela, il est nécessaire en amont de faire une étude précise du terrain, d'estimer les coûts, de recenser les types de déchets produits par les ménages et d'étudier ses débouchés afin d'adapter l'organisation de la collecte en fonction de son territoire et des types d'habitats. Après avoir établi une stratégie adaptée, la collectivité devra alors proposer des solutions techniques permettant le tri à la source. Cette étape nécessite de faire de la prévention au niveau de la population. En effet, la collectivité devra les informer et les sensibiliser au tri à la source. Elle devra par exemple accompagner les ménages dans l'utilisation des diverses solutions proposées.
Ceci est une liste non exhaustive des différentes stratégies mises en place par les collectivités pour traiter les biodéchets. Bien souvent sur un territoire il existe des zones d'habitations bien différentes les unes des autres. Une bonne stratégie doit donc apporter une réponse spécifique à chaque zone.
Certaines collectivités optent alors pour un mixte de ces différentes solutions pour trier et valoriser les biodéchets en fonction des types d'habitats : composteurs collectifs ou de jardin ou composteurs rotatifs pour un compostage collectif en extérieur et composteurs de cuisine ou lombricomposteurs, pour un compostage d'intérieur, sur une terrasse ou sur un balcon. Chaque collectivité face à cette problématique de gestion des biodéchets doit s'adapter et proposer différentes solutions pour composter les biodéchets sur son territoire !
Sources:
https://www.ecologie.gouv.fr/biodechets
https://www.ademe.fr/comment-reussir-mise-oeuvre-tri-a-source-biodechets