Actualité scientifique: Bokashi, compost thermophile et lombricompost : des amendements pour la fertilité des sols dans la culture organique des épinards

Actualité scientifique: Bokashi, compost thermophile et lombricompost : des amendements pour la fertilité des sols dans la culture organique des épinards

Cette étude expérimentale de l'université du Vermont, publié en janvier 2017 par Dana Mae Christel compare l'efficacité du bokashi, du compost thermophile et du lombricompost dans la fertilité des sols. Cette expérimentation s'est déroulée au printemps 2016 aux Etats-Unis, dans les cultures biologiques d'épinards. Elle semble démontrer que le bokashi pourrait constituer un complément ou une alternative efficace au compost classique et au lombricompost en maraîchage biologique. 

Différentes manières de produire du compost : le bokashi, le compost thermophile et le lombricompost

Dana Mae Christel confirme : «les composts ont pour effet d'améliorer la fertilité des sols et la productivité des cultures, avec des rendements rivalisant ou dépassant ceux obtenus en agriculture conventionnelle.» En effet, des recherches menées dans des exploitations maraîchères aux États-Unis semblent démontrer que l'application de compost dans les cultures améliorerait la qualité et la structure des sols en augmentant la matière organique nécessaire à la terre. 

Selon l'experte, les composts sont produits plus généralement de manière thermophile. Ce procédé de compostage met en actions des microorganismes pour décomposer la matière organique par voie aérobie, jusqu'à atteindre une température située entre 45 et 65 °C. Il faut donc attendre la fin de la phase dite de «refroidissement» pour avoir un compost à maturité. Toutefois, le bon déroulement de ce procédé dépend de paramètres tels que l'humidité, la température et l'aération. Il nécessite notamment une surface de terrain assez importante, du matériel et une attention particulière aux quantités de carbone et d'azote. Pour obtenir un produit final mature, trois mois à un an d'attente est indispensable. 

Bien que peu étudié dans les recherches sur la fertilité des sols, par rapport au compost thermophile et aux lombricomposts, le bokashi est utilisé partout dans le monde. Ce procédé de compostage, originaire d'Asie de l'Est, attire depuis peu l'attention des pays comme les États-Unis. En effet, celui-ci contient des microorganismes efficaces (EM) qui, incorporés dans des déchets organiques, facilitent leur décomposition. Le produit final appelé digestat, est par la suite utilisé comme engrais. Il favorise la croissance des plantes et améliore la qualité des sols. Généralement, la préparation du bokashi nécessite moins de deux mois et ne demande aucune aération constante, contrairement au compost aérobie thermophile classique (comme dans les composteurs de jardin). 

Enfin, le lombricompost est un procédé de compostage de plus en plus répandu dans le traitement et l'utilisation les déchets organiques dans la production agricole. Celui-ci combine l'action des microorganismes et celle des vers de compost (Eisenia fetida). En effet, riche en éléments nutritifs essentiels pour les plantes (N, P et K), ces composants permettent la décomposition de la matière organique. Ils auraient notamment des effets positifs sur la croissance des cultures. ?«La température optimale qui favorise le métabolisme des vers de terre, la croissance, la reproduction, la respiration et l'activité des microbes est d'environ 25 °C», précise l'experte. Le taux d'humidité doit être constamment surveillé et ajusté en fonction du climat. En somme, le temps nécessaire pour obtenir un compost mature varie de un à six mois.

Des résultats qui s'avèrent être prometteurs pour le bokashi

Pour Dana Mae Christel, il est essentiel de préciser qu'une étude des caractéristiques de la fertilité et de la qualité du sol sur plusieurs années serait utile pour évaluer plus précisément l'impact du bokashi. Cependant, les résultats de son expérience menée sur les cultures biologiques d'épinards semblent démontrer son efficacité. 

Dans un premier temps, les recherches ont indiqué que la teneur en Azote-N était plus élevée dans les cultures contenant du bokashi, ce qui a augmenté les concentrations initiales en Azote dans le sol. Selon l'experte, «en combinant les différentes sources d'azote, les parcelles traitées au bokashi présentaient le plus haut niveau d'azote inorganique total restant dans le sol à la fin de l'expérience, ce qui suggère que le bokashi peut fournir un apport d'azote disponible pour les plantes pendant une période plus longue que le lombricompost, et un apport plus précoce que le compost thermophile.»

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«Comparaison des concentrations moyennes d'Azote dans le sol dans les jours suivant l'application de l'amendement. Les différentes lettres minuscules indiquent des différences significatives entre les traitements au cours de cette période. Les différentes lettres majuscules indiquent des différences significatives entre les temps d'échantillonnage pour un traitement donné (p<0,05) B= Bokashi, V=Vermicompost, TC= Compost thermophile et C= Contrôle.» (Source : scholarworks.uvm.edu)

Par ailleurs, les expérimentations démontreraient que les concentrations de potassium (K), de manganèse (Mn), de fer (Fe) et de zin (Zn) sont plus élevées dans les cultures contenant du bokashi. Selon l'experte, «?l'application de bokashi a augmenté la qualité nutritionnelle des épinards en augmentant les concentrations de potassium, de fer, de manganèse et de zinc dans les feuilles d'épinards.»  

Enfin,l'introduction de bokashi dans les cultures d'épinards auraient notamment permis d'améliorer les rendements commercialisables des épinards contrairement au compost thermophile et au lombricompost. «?Le bokashi a également permis d'améliorer légèrement le rendement des épinards par rapport aux amendements plus couramment utilisés, à savoir le lombricompost et le compost thermophile», confirme Dana Mae Christel. Celle-ci rajoute que «selon les résultats de l'analyse économique, l'apport de lombricompost ou de compost thermophile n'était pas économiquement viable. En revanche l'apport de bokashi a permis de réaliser de faibles bénéfices par rapport à l'absence d'amendement, qui s'est avéré la plus viable économiquement.» 

En effet, «?bien que l'apport du bokashi ait nécessité quatre fois plus de travail (20 minutes par parcelle), elle a permis de dégager un bénéfice brut positif (81 $), alors que le lombricompost et le compost thermophile ont tous deux dégagé un bénéfice brut négatif?», confirme la spécialiste. Ceci s'explique entre autre par le coût de revient des différentes amendements ($0.30 pour le bokashi et $1.35 pour le lombricompost). Cependant, comme présente le tableau 3.9, le coût de la main-d'œuvre est plus important pour l'épandage de bokashi que pour l'épandage les autres amendements (lombricompost et du compost thermophile).  

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« Bénéfice brut par traitement calculé à partir du rendement mesuré. » (Source : scholarworks.uvm.edu)

Les résultats de cette étude montrent que le bokashi peut être un amendement viable pour la fertilité des sols et qu'il pourrait être utilisé dans les cultures maraîchères biologiques des systèmes de production partout dans le monde. 

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